À la croisée des routes est un dispositif qui, pendant 10 jours, permet aux artistes, au contact d'autres corps de métiers, d’inventer de nouvelles formes. Pour cette deuxième édition, c’est Maëlle Poésy, directrice du CDN, qui s’y attelle. Ces temps d’expérimentation détachés de toute obligation de restitution sont ouverts et gratuits pour le public.

« À l’occasion de cette nouvelle À la croisée des routes je réunis pour ce laboratoire de recherche quatre metteur·euses en scène de quatre pays différents, Lucia Miranda (Espagne), Florencia Linder (Uruguay), Jorge Eiro (Argentine), Pedro Granato (Brésil).

Nous avons travaillé ensemble il y a plusieurs années sur une création qui interrogeait l’héritage de la mémoire politique de chacun de nos pays à travers le prisme de nos familles.

Si dans notre première collaboration, nous avions travaillé sur ce que cet héritage avait de lumineux, nous allons nous intéresser cette fois au côté plus obscur. Les ruptures ou les conflits qui se répètent parfois dans les familles d’une génération à l’autre étant souvent à l’image des cycles qui se répètent dans les histoires politiques de nos pays.

Nous nous interrogerons ensemble sur la mémoire, les non‑dits, les silences, ou les cris des précédentes générations. Comment ceux‑ci habitent‑ils nos corps ? Quelles histoires de nos ancêtres influencent aujourd’hui encore nos décisions, nos actions, nos mots ? Quels événements passés dans nos pays créent en nous une forme de répulsion et à quoi cela fait‑il écho ? Comment bataillons‑nous avec nous‑même parfois pour ne pas répéter les erreurs des précédentes générations ? Il s’agit de savoir se voir aussi dans la peau de "l’ennemi" et de se dire aussi que l’ennemi c’est parfois nous. Nous sommes cinq metteur·euses en scène et auteur·rices, chacun·e ayant sa propre façon d’écrire et de mettre en scène. L’idée de ce laboratoire est d’inventer une méthodologie pour créer une façon de travailler au plateau qui soit propre à ce groupe et non aux individus qui le composent. Lors de cette À la croisée des routes, nous partagerons nos étapes de recherche lors de séances de travail publiques et d’échanges, pour nourrir le processus de ces retours. »

Maëlle Poésy