Rencontre entre Penda Diouf et Fatma Bouvet de la Maisonneuve, psychiatre et écrivaine, pour aborder la question de l’impact du racisme sur la santé mentale de celles et ceux qui le vivent au quotidien.
S’il était encore vivant, Penda Diouf aurait aimé inviter Franz Fanon, psychiatre et spécialiste de l’anti-colonialisme. La question de la santé mentale traverse beaucoup de ses écrits, notamment Pistes… Les dysfonctionnements sociaux ont-ils une incidence sur le physique et la santé psychique des individus ? Quelle prise en charge spécifique ? Quels outils développer et mettre en place pour protéger sa santé mentale quand on est victime du racisme au quotidien ? Avec Fatma Bouvet de la Maisonneuve, Penda Diouf invite une spécialiste de la santé psychique des femmes et des conséquences psychiques liées à toutes les formes de discrimination.
A l’issue de l’impromptu, elle propose un temps de dédicace autour de son livre Debout, tête haute ! qui sera en vente à la librairie du TDB.
Biographies
Fatma Bouvet de la Maisonneuve
Issue d’une famille de militants de gauche marxistes et anti-colonialistes. Parents Tunisiens, qui partent participer à la reconstruction de l’Algérie indépendante. C’est là que Fatma Dellagi est née. Puis elle grandit en Tunisie. Les trois enfants de la famille sont élevés dans une conception séculariste de l’islam. Elle épouse un psychiatre et psychanalyste et est mère de deux enfants.
Depuis son adolescence, elle lit beaucoup a été marquée par le roman L’herbe bleue, de Béatrice Sparks, elle a choisi de suivre des études de médecines pour venir en aide aux souffrances complexes physiques et psychiques
Fatma Bouvet de la Maisonneuve conçoit son métier de psychiatre comme celui d’un lanceur d’alerte. Elle constate que de nombreuses situations sociales taboues entraînent des souffrances psychiques peu évoquées, et ne voit pas comment l’on peut exercer le métier de psychiatre sans faire de la politique. Elle se présente comme une psychiatre engagée. Commence par écrire des essais pour mieux expliquer son métier, puis choisit la fiction en publiant deux romans toujours avec cette même préoccupation : lever les taboues et aller à l’encontre des préjugés. Elle est membre du Parlement des Écrivaines Francophones.
À la fin de son internat, Fatma Bouvet de la Maisonneuve, met sur pied la première consultation d’alcoologie pour femmes à l’hôpital Sainte-Anne à Paris. Elle s’intéresse aux liens entre les faits sociaux et les souffrances psychiques et, très vite, elle se consacre à la santé psychique des femmes. À partir de cette réflexion, son travail s’élargit aux élèves à besoins éducatifs particuliers et à leurs souffrances ainsi qu’à celles des familles mais aussi à toutes les formes de discrimination et à leurs conséquences psychiques.
De 2008 à 2014, elle est élue municipale PS dans la ville de Montrouge. Elle a également été active au sein du Réseau éducation sans frontières qu’elle soutient toujours.
En 2011, après la révolution tunisienne, elle se rapproche naturellement du parti Ettakatol, proche du PS français. Ses positions anti-conservatrices et anti-islamistes la poussent à démissionner lorsque Ettakatol forme la Troïka avec le parti islamiste tunisien Ennahdha et le Congrès pour la République.
Plus tard, en désaccord avec ce qu'elle considère comme de la complaisance de la part du parti socialiste français à l’égard du parti islamiste Ennahdha, elle quitte le PS.
En 2014, elle est nommée au CESE10 où elle effectue deux mandats qui prennent fin en 2019. Elle a été co-rapporteuse avec Jean François Naton (CGT) du rapport Pour des élèves en meilleure santé, adopté en 2018.
Psychiatre impliquée dans les questions de société comme l'égalité des sexes, les problématiques d’identitaires.
Avec son dernier ouvrage, Debout, tête haute , Manifeste pour répondre au racisme Ed du croquant, elle entame à partir sur le 1er trimestre 2025 un Tour de France pour répondre au racisme .
Dijon est une des étapes du tour.