L’ardent Brûlé·e·s, écrit et mis en scène par Tamara Al Saadi, artiste associée au TDB, est une révérence aux victimes d’injustices, une voix donnée à celles et ceux dont les corps parlent pour elles et eux, un cri arraché à une jeunesse stigmatisée. Illham, charismatique dealer·euse et chef·fe de bande, Sarab, son bras droit, Malak et Raja, leurs « chouf » (guetteurs), et Minah surnommée « Brigitte », pas née sous la même étoile, se retrouvent enfermé·e·s pendant une nuit dans leur collège de ZEP. Les trahisons se dévoilent, les rivalités éclatent, les rôles s’échangent, la bourgeoise pète un câble. La langue sèche de Tamara Al Saadi fuse : brute sans être brutale, empreinte de l’argot des cités et de la richesse des sonorités du verlan, elle assoit les tensions, dénonce les représentations.
Cette « opération théâtrale commando » portée par une bande de fougueux·ses comédien·ne·s, au jeu puissant et frais, est un pur moment de théâtre, engagé, épique et percutant.
« ILHAM : EN FAIT, TU FAIS DU TOURISME, TOI, ICI. JE CROIS QU’IL Y A UN TRUC QUE TU CAPTES PAS : POUR NOUS LES FRONTIÈRES DE LA CITÉ, C’EST LES FRONTIÈRES DU MONDE. AU-DELÀ, C’EST PAS POUR NOUS. QUAND ON SORT DE LA CITÉ, C’EST NOUS LES MINAH DU COLLÈGE... TOI, DEMAIN, TU VAS BOUGER D’ÉCOLE ET ON SERA PLUS QU’UN MAUVAIS SOUVENIR, ALORS QUE NOUS, ON VA CREVER DANS LE MAUVAIS SOUVENIR.. »
EXTRAIT
Texte, mise en scène Tamara Al Saadi
Écriture en collaboration avec Yohann-Hicham Boutahar, Saffiya Laabab, Elise Martin, Alexandre Prince, Frederico Semedo
Assistanat à la mise en scène Kristina Chaumont
Avec Yohann-Hicham Boutahar, Saffiya Laabab, Elise Martin, Alexandre Prince, Frederico Semedo
Création sonore Fabio Meschini
Paroles Hadrien Leclercq
Costumes Pétronille Salomé
Lumières et conception technique Jennifer Montesantos
Administration de production Elsa Brès
Diffusion Séverine André Liebaut
Production Cie La Base
Coproduction La Comédie Centre Dramatique National de Reims ; Le Préau Centre Dramatique National de Normandie-Vire ; LE CENTQUATRE-Paris ; L’Espace 1789 de Saint-Ouen, scène conventionnée pour la danse
Avec le soutien de la Région Ile-de-France, SPEDIDAM ; École de la Comédie de Saint-Etienne ; DIESE # Auvergne - Rhône-Alpes ; Fonds d’Insertion pour Jeunes Artistes Dramatiques ; D.R.A.C. et Région SUD ; Théâtre Romain Rolland, scène conventionnée d’intérêt national de Villejuif
Brûlé·e·s est publié aux éditions Éditions Koïnè
Autour du spectacle
Tamara Al Saadi défend un théâtre politique, teinté d’autobiographie, qui questionne les stéréotypes comme fictions sociales. Elle aborde les sujets qui lui sont chers : le poids du passé, la filiation et les héritages, la recherche de ses origines, les traumatismes familiaux qui se vivent dans les corps, la mémoire trouée.
Son travail s’articule entre la recherche en sciences sociales et la création théâtrale.
Elle construit Brûlé·e·s en trois parties, pour questionner les assignations de rôles dans la forme même que prend le spectacle : une première où les rôles de chaque comédien·ne sont tirés au sort. Une deuxième qui rejoue la pièce avec une nouvelle distribution proposée par les spectateur·rice·s, où la place de chacun·e va être remise en jeu. Une troisième, plus intime, dans laquelle la fiction cède la place à la réalité des expériences et des témoignages sensibles confiés par les comédien·ne·s, de leurs rêves à leurs désenchantements.
Elle y révèle les hiérarchies, les dynamiques de groupe, les mécanismes de harcèlement.
Elle pense la pièce comme un microcosme symbole d’un fonctionnement social élargi, et lui donne une portée métaphorique, où chaque personnage serait l’incarnation d’un rouage de ce système : Ilham - le gouvernement, Sarab - les forces de l’ordre, les guetteurs - la classe populaire et Minah - la classe économique aisée. Par ce procédé, elle souhaite « décrire les rapports hiérarchiques dans un système politique oppressif, la question des répartitions des ressources, et les mouvements contestataires via les mécanismes de fonctionnement et d’organisation d’un groupe d’adolescent·es ».
ISTIQLAL, sa nouvelle création, traite de la décolonisation des corps féminins et de l’impact de l’orientalisme dans les sociétés occidentales.
Sa compagnie est en résidence au Théâtre de Rungis, à l’Espace 1789 de Saint-Ouen, et en résidence itinérante au PIVO-Théâtre en territoire. Tamara Al Saadi est artiste associée au TDB et au Théâtre des Quartiers d’Ivry.
Biographie
Tamara Al Saadi est autrice, comédienne et metteuse en scène, née en Irak et arrivée en France à 5 ans.
Après une licence de Sciences Politiques, elle se forme au métier de comédienne à l’École du Jeu. Elle joue sous la direction de Roland Timsit, Marie-Christine Mazzola, Camille Davin, Clio Van de Walle, Jean-Marie Russo et Arnaud Meunier, qui lui propose de rejoindre l’Ensemble Artistique de la Comédie de Saint-Étienne.
Elle suit le Master d’expérimentations en Arts et politique à Sciences Po Paris et en intègre son comité pédagogique.
Elle crée en 2016 avec Mayya Sanbar la compagnie La Base, avec le désir de dialoguer avec la société, de penser et créer autour de questions que soulève la construction des identités, en particulier au moment de l’adolescence.
PLACE, sa première création, aborde la question de l’assimilation et de la difficulté de se construire d’une jeune fille tiraillée entre son désir d’intégration et le renvoi constant à ses origines. Elle reçoit en 2018 le prix du Jury et le prix des Lycéens du Festival Impatience 2018. Le texte est publié aux éditions Koinè.